Tome 1 : Nuit de cendres

Quatrième de couverture :

Sale temps sur le monde.

Dans la nuit perpétuelle et sous la pluie, la guerre s’apprête à s’abattre une fois encore sur les terres exsangues du royaume des Hommes. Acculés par des hordes décharnées au sud, les Humains doivent à présent faire face aux armées multines prêtes à déferler par le nord.
Non loin de ce nouveau front, Akhyla et son groupe de mercenaires effectuent une mission délicate dans une auberge isolée. Une mission qui prend des allures de piège lorsqu’ils sont abordés par un guerrier aussi curieux que menaçant, puis attaqués par des soudards. Dans la mêlée générale qui s’ensuit, ils parviennent à s’emparer de leur objectif, un vulgaire orbe, avant de fuir pour sauver leur peau.

Réfugiés dans une bourgade voisine avec l’objet dérobé, ils sont loin de se douter que tous les yeux viennent de se braquer sur eux.

Extrait :

Il releva la tête et regarda au bout du passage étroit formé par le comptoir et les hautes étagères. Ses yeux, que les imposantes lunettes avaient protégés, peinèrent à se fixer sur son environnement : il voyait double. Il put néanmoins discerner le carnage qu’il avait provoqué.
Des corps gisaient sur des tables fendues et des survivants hagards erraient, les oreilles en sang. L’auberge se transformait en champ de ruines.
Le répit qu’il espérait n’arriva cependant pas : quelques mercenaires semblaient encore en état de riposter. Des bruits cotonneux lui parvenaient et une nuée de débris humides se déversait sur lui. Au-dessus, sur les longues rangées de bois, les bouteilles se brisaient en un étrange feu d’artifice silencieux et du verre recouvrait le sol maculé de liqueur autour de lui.
Les soudards canardaient le bar, vraisemblablement à l’arme lourde, et ils avaient bien l’intention de lui faire la peau. Akhyla n’était pas surpris d’un tel déluge de haine après les explosions qu’il leur avait offertes.
Il le fut beaucoup plus par les rondeurs qu’ils mirent dans leur réponse.
Il ne les entendit pas plus tomber qu’il ne les vit rouler jusqu’à ses pieds. En revanche, il les sentit dès qu’elles finirent leur course contre sa cuisse. Sphériques, noires, faites main ; de belles pièces !
Les deux grenades siégeaient entre ses jambes.
Il les regarda, stupéfait. Tout semblait se dérouler dans une infinie lenteur, comme dans un rêve : les bouts de verre qui pleuvaient autour de lui, le bois qui sautait sous les balles, les vapeurs d’alcool qui se dégageaient des fûts éventrés, son envie pressante de pisser et les deux bombes qui allaient bientôt lui emmener la moitié du bas-ventre.
« Oui, des grenades, Akhy… »
Son esprit bloquait.
« Bouge ton cul, abruti ! »
Soudain, tout se remit en marche. Il se projeta sur ses mains, parcourut quelques mètres à quatre pattes avant de se relever au milieu des rafales, courant tel un beau diable. Devant, la rambarde se dressait. Au-delà, le vide l’attendait. Il le réalisait trop tard : il ne pouvait plus renoncer. Il jura.
Il sauta la barrière au moment où le bar explosait sous la pression libérée par les charges.
« Bordel ! » pensa-t-il alors qu’il s’envolait.
« De bordel ! » pendant qu’il s’approchait à toute vitesse de la statue de Pranak.
« De merde ! » juste avant l’impact.
Le choc fut rude. Il prit de plein fouet le rebord de pierre dans l’abdomen et sa tempe heurta un joyau de la taille d’un pied de gamu. Il se cramponna du mieux qu’il put à l’idole… pour glisser tout de même. Par chance, sa main frôla une vieille corde rugueuse pendue latéralement qu’il saisit. Le mince lien ploya sous son poids, mais tint bon, stoppant sa chute.