Une lutte biologique

Chaque jour, nous vivons dans l’appréhension du crépuscule. Chaque nuit, le Cafard revient et nous impose sa loi. Rien ni personne ne semble pouvoir briser son règne de terreur.

Aujourd’hui pourtant, tandis que les derniers rayons du soleil s’évanouissent, un autre insecte s’apprête à passer la porte de notre prison. Au moins aussi vorace et fier que notre geôlier, il amène le carnage dans son sillage.

Je n’en espère pas moins : c’est moi qui l’ai invité ce soir.

 

Extrait :

« Personne ne bouge dans la chambre. Nous retenons notre respiration pour mieux percevoir le moindre frémissement dans le vaste bâtiment lugubre.
Un bruit sourd, au loin, suivit d’un battement sec. Les bottes sur le carrelage irrégulier du hall. Les clés qui dansent au trousseau. Le craquement des premières marches du grand escalier en bois. Une progression lourde et lente. Les rambardes couinent. La charpente grogne. La pierre des murs susurre et gémit. Les murmures s’élèvent dans la cage d’escalier et roulent sur le plafond alangui.
L’édifice ploie sous le poids extraordinaire du Cafard. Il se prosterne sur son passage.
Lui, l’insecte roi qui parcourt son domaine de ténèbres en souverain. »

 

On en parle :

« Superbe nouvelle, très imagée, très forte en descriptions pertinentes, basée sur un sujet difficile. Une lutte à mort assez étrange… »
(Bob Cancereugène)

« Pour le style, sans hésitation, Stéphane Croenne pour “La méthode du docteur A”, et “une lutte biologique” de Julie Limoges (surtout tout le milieu du texte, suffocant, Kafka n’est pas loin). »
(SoniaKayseri)

 

Où la trouver :

Les éditions La Madolière

 

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